Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 09:45

Une femme vient me consulter suite au choc qu'elle a subi quelques jours après la mort brutale de son mari, ayant découvert que celui-ci avait mené, à côté de son mariage, "plusieurs autres vies", une vie de "coureur" qu'elle n'avait jamais soupçonné. Cette découverte rendant tout deuil impossible puisque suspendu à l'incompréhension et à la haine pour les trahisons de cet homme se redoublait aussi par le fait que la vie de coureur du défunt laissait sa veuve avec des dettes considérables.

Dans sa demande, elle avait besoin de comprendre pourquoi son mari "lui avait fait ça", mais surtout de saisir le comment de son aveuglement.

Si plusieurs mois de cure à un rythme soutenu lui permirent de répondre à nombre de ses questions et de sortir de son état d'effroi et de rumination, il apparut bientôt que ce qui l'avait mené à vivre une vie aveugle, c'était sa peur de la vie même, sa peur et son retrait face à toute confrontation et à tout saisissement appropriatif de son existence.

Elle avait été élevée par des parents qui avaient dessiné un véritable carcan autour d'elle et donc en elle parce qu'eux-mêmes avaient peur du monde extérieur, danger à tous les coins de rues dans le discours et l'attitude du père, honte et angoisse face aux autres dans la posture maternelle, qui assuraient ainsi à leur fille une prison qu'elle avait fait sienne, avec pour effet majeur une inhibition massive dans toute sa vie relationnelle qu'elle n'avait pu traverser que de manière superficielle et frisant l'agoraphobie.

Au cours d'une séance, alors qu'elle évoquait son souhait de pouvoir justement vivre sa vie quotidienne, sa vie sociale et le traitement des aléas de celles-ci autrement que dans la terreur, elle fit le geste de ramener ses mains les paumes ouvertes vers elle, au-dessus de ses épaules avec un grand "ouf" en laissant retomber ses bras qui aurait voulu entraîner un relâchement consécutif du corps entier. Comme si elle mimait la position qu'elle souhaitait acquérir dans son existence.

Le thérapeute, orienté dans son attention par le travail de François Roustang pour qui les gestes du corps sont la solution, le problème déjà résolu à travers le "corps pensant" après que le "corps-imagination" en ait produit l'anticipation, ne manquera pas à ce moment d'inviter cette femme à porter toute sa concentration au geste qu'elle venait d'effectuer, bien qu'un peu surprise (confusion).

Après cette focalisation, je lui demandais au détour d'une petite induction de s'installer dans la sensation de ses pieds sur le sol, de ses bras reposant sur les accoudoirs du fauteuil, de percevoir sa respiration, et elle ferma les yeux (installation de la transe).

Je lui propose alors de "laisser son corps refaire" l'ensemble du geste qu'elle avait fait volontairement juste avant, en abandonnant la volonté, en abandonnant tout effort et toute réflexion, de laisser quelque chose en elle effectuer ce geste, juste "attendre qu'il se fasse" comme aime à le dire Roustang.

Me plongeant moi-même dans une attente tranquille et concentrée, j'observa au bout de plusieurs minutes ses mains qui commencèrent à se décoller de ses jambes et ses bras à la suite, très lentement et de façon saccadée d'abord, puis plus fluide ensuite. Après encore dix bonnes minutes ses mains vinrent presque à s'arrêter au niveau de ses épaules comme si chaque instant, chaque seconde de ce geste atteignait à une intensité cruciale.

Enfin, ses mains et ses bras se relâchèrent d'un seul coup sur une grande expiration en ouvrant les yeux. Elle me regarda étonnée en faisant ce commentaire: "c'est fou, ça fait du bien, qu'est-ce qui s'est passé?"

Nous nous sommes quittés là-dessus et la revis deux semaines plus tard. Toute sa vie s'était transformée, elle avait réussit à s'occuper notamment de démarches administratives urgentes qui traînaient parce qu'elle était trop angoissée et dans une grande méfiance à l'égard de ses interlocuteurs. Plusieurs autres difficultés étaient intervenues depuis et elle fut surprise d'avoir pu les résoudre avec une lucidité et une sérénité qu'elle ne s'était jamais connue auparavant.

Plus encore, c'est toutes ses relations qui s'étaient trouvées modifiées et ses proches lui ont même demandé ce qui avait bien pu se passer pour qu'elle apparaisse maintenant avec une présence plus consistante et affirmée.

Je la revis un mois après et estima que sa cure était terminée. 

A travers le bref exposé de ce cas, nous pourrions faire notre cette phrase de François Roustang: " (...) le geste peut rassembler en un tout l'esprit, le coeur, le corps et à l'histoire personnelle" (in Il suffit d'un geste, éd.odile Jacob, 2003, p.83).

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
De la merde ta psycho à deux bale !! Enculé de Francais !!
Répondre

Présentation

  • : Blog de Maxime Le Douaron, Psychothérapeute
  • : Ce blog est un espace de publications et de partages sur la psychanalyse, l'hypnose et sur la psychothérapeutique en générale dans ce qu'elle peut être éclairée par de multiples champs connexes comme la littérature, la poésie, l'art, l'ethnologie, et bien d'autres encore.
  • Contact

Profil

  • Maxime Le Douaron
  • Praticien membre du Psy'g.
Domiciliation:
2370, Route de Vence
06140 TOURRETTES-SUR-LOUP
06-61-14-81-34
Consultations à Cagnes-Sur-Mer:
"Consultations Saint Jean"
53, Avenue des Alpes
06800 CAGNES-SUR-MER
  • Praticien membre du Psy'g. Domiciliation: 2370, Route de Vence 06140 TOURRETTES-SUR-LOUP 06-61-14-81-34 Consultations à Cagnes-Sur-Mer: "Consultations Saint Jean" 53, Avenue des Alpes 06800 CAGNES-SUR-MER

Maxime Le Douaron-Psychopraticien

PSYCHANALYSE / PSYCHOTHERAPIE / HYPNOSE CLINIQUE

Centre de Consultations St Jean          Sur RDV uniquement

53, Avenue des Alpes      

06800 CAGNES-SUR-MER                                                              

06-31-14-81-34                                                                               

Recherche

"Toute psychanalyse est une hypnoanalyse",  Léon Chertok

Exergue

"Le terme d'attention flottante inventé par Freud prouve que, définissant par cette expression l'attitude première du thérapeute, il y avait vu la condition nécessaire pour que l'opération réussisse. Il devait bien soupçonner que c'était là le seul moyen de pourvoir à la reformation du corps propre, comme totalité personnelle habitée, et que c'était là l'unique chance de rendre possible une éventuelle transformation"

François Roustang (in Comment faire rire un paranoïaque)

Poétique

L'empathie vue par Christian Bobin,

"L'empathie c'est, à la vitesse de l'éclair, sentir ce que l'autre sent et savoir qu'on se ne se trompe pas, comme si le coeur bondissait de la poitrine pour se loger dans la poitrine de l'autre. C'est une antenne en nous qui nous fait toucher le vivant: feuille d'arbre ou humain.

Ce n'est pas par le toucher qu'on sent le toucher qu'on sent le mieux mais par le coeur. Ce ne sont pas les botanistes qui connaissent le mieux les fleurs, ni les psychologues qui connaissent le mieux les âmes, c'est le coeur. Le coeur est un instrument d'optique plus puissant que les télescopes de la Nasa. C'est le plus puissant organe de connaissance, et c'est une connaissance qui se fait sans aucune préméditation, comme si ce n'était plus nous qui faisions attention à l'autre , comme s'il n'y avait plus qu'attention pure et une bienveillance fondée sur la connaissance de notre mortalité commune. Ce qui est très curieux, car qui est-on, à ce moment-là?

Toute sagesse qui vient dans le carcan d'une méthode est dépassée par le coeur. Ce moment qui foudroie toutes les carapaces d'identité, qui saute par-dessus l'abîme qui me sépare d'autrui et où le coeur de l'autre est deviné jusqu'en ses moindres battements, donne la plus grande lumière possible sur l'autre. Dans l'empathie, on peut prendre soin de l'autre comme jamais il ne prendra soin de lui-même, par une attention tendre comme un rai de lumière, mais il n'y a aucune emprise psychique sur lui. C'est l'art double de la plus grande proximité et de la distance sacrée. (...)"

Christian Bobin, In "La lumière du monde". 

 

Koan,

"Par un coup, par le son d'un caillou,

Par le son d'un bambou,

J'ai tout oublié. J'en ai fini avec toute intelligence

qui emplissait mon cerveau.

Mes complications ont pris fin."

(Kyogen, cité par Taïsen Deshimaru, in Le trésor du Zen, éd. Albin Michel).

Séminaires/Conférences

 

VIVRE MIEUX GRACE A L'HYPNOSE

 

On parle de plus en plus aujourd’hui de l’hypnose. Elle a trouvé ses lettres de noblesse notamment dans le traitement de la douleur ou du sevrage tabagique, mais encore en psychothérapie où elle est employée par de nombreux praticiens et demandée par un nombre croissant de personnes en difficultés relationnelles. Comment l’hypnose peut-elle donner autant de résultats positifs ? Parce qu’elle est un état de perception que nous traversons tous de façon naturelle et dans lequel nous sommes invités à renouer avec notre sensorialité,  donc avec une perception élargie des choses et des êtres. La pratique de l’hypnose est là pour amplifier cette possibilité à sentir et pour permettre une autre façon, moins rigide, de vivre notre existence.  

 

 Aussi, et dans l’esprit de la pratique de l’hypnose de François Roustang, Maxime Le Douaron, psychanalyste et hypno-praticien vous propose une découverte de l’hypnose grâce à une initiation à l’auto-hypnose pour le quotidien et à l’hypno-relaxation, c’est-à-dire découvrir de nouvelles possibilités et ressources en soi pour se resituer de façon plus juste à travers une expérience qui fait ouverture au corps pensant.

Tarif séance individuelle 50 Euros

Renseignements et prise de rendez-vous : me contacter au 06-61-14-81-34.

Du côté des livres

François Cheng (de l'Académie française)

"Et le souffle devient signe. Portrait d'une âme à l'encre chine", éditions L'iconoclaste, Paris, 2010.

Pour ceux qui s'intéressent à l'art de la calligraphie et à la poésie orientale.

 

Antoine Bioy et Pascal-Henri Keller

"Hypnose clinique et principe d'analogie. Fondements d'une pratique psychothérapeutique", éditions de boeck, Bruxelles, 2009.

(Fin de 4ème de couverture):

"Pour la première fois dans ce domaine, Antoine Bioy et Pascal-Henri Keller présentent une analyse approfondie de l'hypnose en tant que pratique clinique, et donnent une cohérence d'ensemble, non seulement à l'histoire de cette méthode -depuis Mesmer jusqu'à François Roustang- mais également aux principes mêmes de sa pratique, le tout associé à des exemples précis et didactiques."

 

Anne Millet

"Psychanalystes, qu'avons-nous fait de la psychanalyse", éditions Seuil, Paris, 2010.

(Fin de 4ème de couverture):

"Rigoureusement documentée et argumentée, cette réflexion critique d'unne psychanalyste qui s'interroge sur son métier se lit comme le récit vivant de la psychanalyse et des hommes qui l'ont faite. Que certaines légendes et illusions soient dissipées n'est pas le moindre de ses mérites".